lundi 12 juin 2017

Eux [J'ai écrit]

Ils hurlent dans ma tête comme un silence intense brûlant chacune de mes pensées. Dans l'incompréhension des sons, je préfère me perdre et ne plus respirer. Je ferme les yeux pour ne pas les voir, mais plus la pièce s'assombrit et plus leur présence se fait pesante. J'écoute avec intérêt leurs conversations, sans jamais vouloir qu'ils me parlent, mais ils ne m'oublient pas, alors que moi je voudrais qu'ils n'existent pas.
Le chuchotement de leurs cries et comme un appel à l'aide face à la solitude de la réalité. Ils ne partent plus, ils restent dans cette pièce à attendre ma venue, ils attendent mes cries, ma fureur, mes écrits, ils savent que leur présence me fera être différente. Tu ne m'aimera plus. Ils s'approchent, je ne veux pas qu'ils me touchent, je ne veux pas sentir leur peau froide sur mon corps frissonnant, mais plus le temps passe et plus leur étreinte est palpable.
Leurs silences me mettent mal à l'aise, leurs sourires me poussent à te haïr. Je veux être Marianne Engel, me perdre dans mon art, plonger dans la mer glacée disparaître sous la houle des vagues, sans aucune peur, aucune pleure. Je ne veux plus converser de toi, surtout que d'eux il ne reste que moi.

lundi 5 juin 2017

Elle [J'ai écrit]

Je m’étais habituée à cette nouvelle vie, métro, boulot, dodo. Je ne m’étais pas préparé à ce qu’elle surgisse du passé.
J’étais occupée à autre chose, sans aucun rapport avec elle, je ne pensais même pas à elle, mais lorsque mon téléphone sonna, cela changea la donne.
Elle n’eut pas grand-chose à dire. Elle avait des problèmes. Je laissai tout en plan et je pris la voiture sans réfléchir, je partis pour cinq heures de route.
Je me souviens de notre première rencontre, j’étais partie en vacances dans une villa au bord de la mer, j’avais fait sa connaissance lors d’une soirée. Léa. Son nom me fait encore frissonner aujourd’hui. Tous les hommes tombaient sous son charme, petite brune, au visage illuminé par ses tâches de rousseur. Elle avait l’allure et le comportement d’une femme-enfant : insouciante et jouant de tous ses charmes.
Moi, je la trouvais juste sympa. A l’époque, jamais je n’aurai pensé être attirée par une femme.
Seule dans ma voiture, je souriais, pleurais, m’énervais. Elle m’avait fait passer par tant d’émotion. Elle avait réveillé en moi quelque chose que j’avais tant tenté de refouler. J’avais 23 ans à l’époque, et elle était mon premier amour.
J’avais cru aimer avant elle, mais il n’en était rien. L’amour n’a rien à voir avec la sympathie, la simple affection. L’amour n’est pas tendre, il est violent, brûlant, destructeur. L’amour n’est tendre que lorsqu’on rend les armes et qu’on se laisse entièrement dévorer. Avant cela, ce n’est qu’un combat, un corps à corps dont on sait que l’on sortira perdant.
Je ne l’avais même pas senti venir. On passait beaucoup de temps ensemble. On allait de soirées en soirées, on buvait et se droguait toujours plus.
Notre premier baiser, n’en fut pas un, c’était un geste insignifiant. Elle sauta dans mes bras et déposa un baiser sur le coin de mes lèvres pour une réussite quelconque.
Ce n’était pas grand-chose, mais c’est comme si je sentais mon cœur battre pour la première fois, j’eus l’impression que le temps avait ralenti pour me permettre d’apprécier chaque particule de cet instant anodin mais magique.
Je n’envisageais pas pour autant autre chose qu’être son amie. Jusqu’au soir où on plongea tout habillées dans une piscine, juste pour le délire. On jouait comme des enfants, jusqu’à ce que nos deux visages se retrouvent à quelques centimètres l’un de l’autre. Mon regard alla de ses yeux verts à ses lèvres pleines, mon cerveau tournait tellement vite que j’avais l’impression de ne plus penser à rien.
Je me laissai emporter par l’instant et déposai mes lèvres sur les siennes en m’agrippant à sa nuque. Elle me rendit mon baiser pendant quelques secondes avant de me repousser en me disant qu’elle n’était pas homo. « Moi non plus ! Répondis-je, et en plus je suis défoncée, mais j’en fais pas toute une histoire. »
Elle prit un instant pour réfléchir à cette argumentation sans queue ni tête et y adhéra. Elle m’embrassa à son tour, et ce fut comme si mon corps, mon cœur se remplissaient pour la première fois de vie.
Avant son appel, je n’avais plus eu de nouvelles pendant deux ans, on avait cessé de se parler après une dispute sur nos sentiments non partagés. Notre relation n’avait pas survécu à cette idylle. Ce n’était pas ni la drogue, ni l’alcool qui me faisaient agir ainsi, même sobre, j’étais ivre d’elle. Alors qu’elle ne m’aimait que les veines remplies de poison.
J’avais rêvé qu’elle vive une vie simple avec petit copain et futur bébé et qu’un jour au hasard d’une rue on se croise et que l’amour serait plus fort que tout le reste.
Ce rêve était loin. Elle n’avait pas de vie paisible, juste des problèmes.
J’arrivai à son adresse. Un amas de préfabriqués et de mobil home, rien de très glamour pour nos retrouvailles. Je frappai à la porte, le cœur tambourinant à mes tempes.
Quand elle m’ouvrit, j’eus l’illusion de voir la même femme-enfant que deux ans auparavant. Puis d’une voix tremblante et usée, elle me demanda d’entrer et je me rendis compte qu’elle avait été complètement brisée par la vie.
Son corps était squelettique, recouvert de bleus et d’égratignures, lorsque mon regard se posa sur la plaie purulente au pli de son coude, elle tenta de la dissimuler, c’était certainement là où elle se piquait.
Pendant que nous mangions dans un restaurant elle me raconta tout en épiant toutes les personnes qui la jugeaient du regard. Elle sursautait au moindre bruit et se forçait à manger quelques frites.
Elle voulait s’en sortir et tout arrêter avant que la drogue ne la détruise totalement. Son dealer n’était pas du même avis, il venait quand elle était en manque, la frapper, la violer avant de lui donner sa dose.
Elle n’avait pas la force de porter plainte. Je ne pouvais que prendre contact avec une assistante sociale pouvant l’aider. Je ne pouvais rien faire de plus.
Lorsque l'on retourna chez elle, elle me prit dans ses bras pour me remercier. Ce fut le premier contact physique qu’on échangea depuis mon arrivé.
Je ne pus m’empêcher de la toucher. Mes doigts se heurtaient aux os trop saillant de son doux visage. J’embrassai ses lèvres sèches, elle ne me repoussa pas, elle semblait avoir attendu ce moment autant que moi. Alors qu’elle se retrouva nu devant moi, je constatai toutes les marques laissées par la drogue, l’alcool, les coups… Malgré tout cela, je la trouvais belle, magnifique.
Je n’étais pas sûre de ne pas rêver. Nos deux corps nus s’étreignaient sur le vieux matelas. Je lui fis l’amour et son regard semblait reprendre vie. Lorsqu’elle mordit sa lèvre inférieure, c’est comme si ces deux ans n'avaient jamais existé, comme si je n'avais connu qu'elle.
Au milieu de la nuit, je me réveillai.
Elle était allongée de tout son long sur moi, telle une couverture gelée… La couverture de la mort.
Je me dégageai, me rhabillai.
Debout au seuil de la porte, je la regardai une dernière fois, elle semblait dormir paisiblement.
Je franchis la porte, tout ça n’était déjà qu’un pâle souvenir, tout comme sa vie…

jeudi 1 juin 2017

[J’ai fait] un voyage à Londres



C’est un voyage que je voulais faire depuis longtemps, mais les aléas de la vie ont fait que j’ai toujours dû repousser à plus tard.
Et puis j’en ai eu marre, j’ai pris un sac à dos, un carnet de voyage, j’ai sauté dans un bus et j’ai débarqué à Londres avec Alix Ly et Dan.
On a connu de très longues journées de marche, des réveils à l’aurore en même temps que l’éclosion des fleurs.
On a beaucoup mangé. Le petit-déjeuner, le déjeuner, le goûter, le dîner. On a mangé sous un dôme au bord de la Tamise, et Alix a « trouvé » un livre.
On a visité des parcs à l’aurore. On a vu des pommes attachées à des arbres par une ficelle, c’est un peu une déstructuration du pommier.

On a vu Poudlard.


On a vu des animaux, pleins d’animaux. 

On a vu plein d’édifices, on a vu Big Ben. 

On a vu plein de parcs verdoyants, j’ai même pris un coup de soleil. Oui, je suis la seule créole qui se prend un coup de soleil à Londres, je suis unique que voulez-vous, ne soyez pas jaloux.

Alix a partagé son don pour le dessin.


On a vu pas mal de sculpture, beaucoup de chevaux, plusieurs de boules, certaines plus vraies que nature et d’autre plus ironique.


On a vu des églises, de très veilles églises, des tombes dévorées par des arbres. On a vu des gares, des voies 9 ¾. On a vu des arbres de feu tricolore, et même un tank.


On a vu des écoles, des universités, des musées, des trains, des métros, la Piccadilly line. On a vu des gens qui partent au travail, des gens qui ne font pas la gueule et qui sourient dans les transports en commun.
On a vu des pierres et la ville natale de Shakespeare. On a vu plein de touristes. On a vu des Taxis, plein de taxis de toutes les couleurs, et je me suis déboitée l’épaule.


On a vu des acteurs, on a vu David Tennant. On a beaucoup vu David Tennant, au cinéma, au théâtre, je crois qu’il a fait le voyage avec nous.
On a vu des cabines téléphoniques, certaines recyclés, et on a vu le Tardis aussi.


On a vu des gens qui parlaient anglais, des gens qui parlaient français, des gens qui parlaient d’autres langues. Je vous ai dit qu’ils avaient le sourire aux lèvres. On a vu des gardes de loin, des spectacles de rue, et Alix nous a fait une imitation de Charlie Chaplin.

On a fait beaucoup de choses en une semaine, mais c’était quand même trop court. J’ai adoré ce voyage, et je n’ai qu’une hâte, recommencé…

Qui m’accompagne ?

mardi 30 mai 2017

Mon Inconnu [J'ai écrit]

Ça fait deux heures que je l’observe. Je bois lentement mon énième coca, mes cours étalés sur la table du café. Je le regarde attendre sur son banc depuis deux heures. Je ne sais pas ce qu’il attend ou plutôt qui il attend, mais il est patient. A chaque regard qu’il croise, il amorce sa levée, un grand sourire anxieux aux lèvres, prêt à offrir le bouquet qu’il tient fermement. Mais à chaque fois ce n’est qu’une désillusion de plus.
Malgré tout, il l’attend depuis deux heures. Certainement une rencontre sur internet. Je devrais m’y mettre, c’est une façon simple et décomplexée de faire des rencontres. Mais pour le moment, je trouve plus ou moins facilement mon bonheur dans la nature.
Il a l’air si perdu perché sur son banc, mon inconnu. Il s’est apprêté pour l’occasion, petite chemise, veste repassée et barbe rasée de près. Peut-être qu’il a loupé le coche : elle est venue, l’a vu et son air dandy lui a fait faire demi-tour, lui, ne l’a même pas remarqué.
Je ne sais pas si je le laisse encore attendre indéfiniment que quelqu’un vienne, si je le libère en lui disant qu’elle ne viendra jamais, ou si je me fais simplement passer pour elle, il ne sait certainement pas à quoi elle ressemble.
Je range mes affaires et l’observe encore quelques instants avant de me décider. Il a l’air quelque peu fluet, fragile mais plus dégourdi que les toxicos et poivrots des soirs d’hiver.
Je me lance, je me déciderai une fois devant lui. Je traverse la rue et m’avance vers lui, lorsqu’il me regarde, je lui souris niaisement. Mon stratagème fonctionne puisqu’il se lève et s’avance vers moi en me tendant son bouquet. « Kim ?
Non, désolée, ce n'est pas moi. Je pense qu’elle ne viendra pas. »
La déception se dessine sur son visage. Je tente de le réconforter avec quelques banalités, je le fais sourire en lui disant que c’est peut-être mieux qu’elle ne soit pas venue, ça nous a permis de nous rencontrer.
Ces phrases toutes faites me révulsent, mais il faut avouer qu’elles font leur effet.
On discute, et plus je l’écoute, naïvement, plus il me plait. Il fait bouillonner en moi des émotions bizarres.
Le temps passe, l’heure du dîner se fait sentir quand mon estomac grogne. Il me propose chaleureusement qu’on aille quelque part. Je suis quelque peu anxieuse, les choses se déroulent naturellement et d’une façon totalement inédite.
A table, il continue de me parler de sa vie et me questionne sur la mienne. Le repas se passe merveilleusement bien, même si manger fait naître en moi des désirs irrésistibles. J’ai un appétit d’ogre, je sais ce que cela annonce. Je ne vais bientôt plus pouvoir me contenir. Pour la première fois j’ai peur de montrer à quelqu’un ce que je suis réellement.
J’essaie de manger lentement pour contenir mon désir, pour ne pas me laisser déborder. Il faut apprécier l’instant, ne pas se précipiter et tout engloutir en une bouchée.
Plus le repas avance, moins je me tiens. Rester attentive à ce que mon inconnu me raconte devient difficile. Je fixe ses mains, elles sont fines et grandes, mon regard remonte, son torse est large mais pas très musclé, mes yeux s’arrêtent sur ses lèvres pleines, il les lèche de sa langue lorsqu’un peu de sauce les éclabousse.
Je suis totalement hypnotisée par sa bouche en mouvement, le temps se ralentit, les sons autour de moi s’estompent comme si je plongeais la tête sous l’eau. Je me perds dans sa déglutition et un frisson m’envahit quand il avale sa bouchée. Mes envies m’enivrent totalement, lorsqu’il me touche le bras et me propulse violemment dans la réalité.
Les desserts arrivent, j’essaie de ne pas m’y jeter à pleine bouche, mais je n’ai qu’une envie, l’engloutir et m’enfuir. Il me pourchassera et je deviendrai la proie.
Même si ce jeu me plaira, je reste patiente. Entre chaque bouchée je bois une gorgée d’eau, j’essaie de noyer ma faim.
La fin du repas arrive trop lentement, mais enfin on quitte le restaurant.
Dans la rue, je marche vite, je n’en peux plus, je n’arrive plus à me contenir. Je tiens fermement la main de mon inconnu et le traîne derrière moi. Lorsqu’on s’est assez éloignés des rues bruyantes, je ralentis enfin le pas.
Hors d’haleine, il me demande ce qu’il se passe, où je l’emmène. « Un coin tranquille. » Il aurait préféré qu’on aille chez lui, mais je n’aime pas l’intimité gênée qu’entraine les appartements. Je préfère ses ruelles, je les connais par cœur, elles sont devenues mon territoire.
Je le colle contre le mur. Il respire fort, et semble perdu. Après une hésitation, il tente de m’embrasser, je le laisse faire. Il s’y prend comme un manche. Je le repousse. Alors que je détache les boutons de sa chemise, il saisit mes mains : « c’est la première fois. » Je m’en doutais, mais ce n’est pas le premier pour moi. Je le rassure, je saurai le guider.
Je l’asseois sur un rebord de mur un peu plus loin. Je m’installe sur ses genoux, et le tiens fermement adosser au mur. Je l’embrasse. Je sens son cœur battre contre ma poitrine, et son sexe gonfler entre mes cuisses.
J’adore cette sensation avant l’acte. Le plaisir qui grandit, le désir qui ne se tient plus, les frissons qui recouvrent la peau.
Alors qu’il passe ses mains frêles sous mon t-shirt, je saisis brutalement sa lèvre inférieure entre mes dents et sens le goût cuivré du sang emplir ma bouche. Je passe ma main sous mon pantalon au niveau de ma cheville et saisis ce qui s’y cache. J’agis vite sans vérifier que je le fais bien et le plaisir explose en moi.
Il a un mouvement de recul, et se heurte aux murs derrière lui. Le liquide rubis et chaud jaillit et asperge mon visage. Mon inconnu tente de porter ses mains à sa gorge, je l’en empêche sans grande difficulté, la peur l’a vidé de toutes ses forces.
Je l’embrasse et me serre tout contre lui en le forçant à s’agripper à moi. Il se débat quelques instants avant de sombrer dans l’inconscience. Je sens son cœur ralentir et ne devenir plus qu’un souffle sourd. Quand toute vie a enfin quitté son corps, je dépose un baiser sur ses lèvres encore chaudes avant de l’abandonner.

samedi 27 mai 2017

La nostalgie heureuse… une vie entre deux eaux [J'ai lu]

Amélie Nothomb est un auteur que j’aime beaucoup et que j’ai découvert en lisant Métaphysique des tubes. Ce que j’aime dans ses romans, c’est qu’ils se lisent vite et sans conditionnement. Ce sont mes livres de transports en commun préférés.
Adepte de l’autofiction, l’auteur part souvent d’une expérience réelle qu’elle transforme en épopée intérieure flirtant avec le fantastique.
Aujourd’hui, je veux vous parler de son roman La nostalgie heureuse. En quatrième de couverture des éditions piment, on peut lire « tout ce qu’on aime devient fiction », phrase qui caractérise très bien le personnage.
Ce livre raconte le retour au Japon d’Amélie Nothomb qui a fait l’objet d’un documentaire France 5, « Amélie Nothomb, une vie entredeux eaux ». Ce qui nous permet d’avoir deux points de vue différents sur ce petit bout de vie.
Mais comment Amélie Nothomb peut-elle nous embarquer dans une histoire surréaliste alors que le documentaire nous ancre dans la réalité ?

Le documentaire de France 5 nous emmène dans les souvenirs d’Amélie Nothomb, nous rapporte les relations particulières qu’elle a avec le Japon, terre de son enfance. On y apprend plusieurs choses assez personnelles sur l’auteure, notamment sa relation à l’écriture qui est particulièrement enrichissante.
Le livre, quant à lui, est un peu un journal de bord sur ce voyage au Japon. Il nous livre peu de situations à la limite du réel, dont nous a habitué Amélie Nothomb dans ses autres autofictions.
La nostalgie heureuse n’est pas un mauvais livre, mais je pense que l’existence du documentaire l’a beaucoup contraint dans ses propos. De ce fait, le livre perd un peu de son intérêt dans une lecture seule, et je conseille donc de le lire et de regarder le documentaire de France 5. C’est un ensemble à prendre comme une œuvre en deux parties.

Pour répondre à la question que je me suis posée, Amélie Nothomb ne parvient pas à nous emmener dans une histoire surréaliste dans La nostalgie heureuse, elle nous emmène sur les traces de son passé bien ancré dans la réalité du documentaire, « Amélie Nothomb, une vie entre deux eaux ».

Halloween [J'ai écrit]

Halloween. Cette période est magique pour moi, tous ces gens qui veulent devenir quelqu’un d’autre, un monstre, une pute, une femme, un homme… c’est une fête qui laisse libre court aux élucubrations du Ça. C’est le seul jour de l’année où il peut sortir de sa prison, c’est le seul jour de vacance du Surmoi.
Et puis à Halloween, on peut faire confiance à tout le monde, enfin c’est le sentiment qu’on a, les monstres ne sont que des déguisements.
Cette année, je compte bien en profiter, j’irai faire le tour des soirées, il me suffira d’être déguisée et de frapper aux portes derrière lesquels on entend des cris.

Alors me voilà devant la boutique de déguisement, prête à choisir le costume parfait, mais la foule qui court et crie de part et d’autre du magasin m’angoisse. J’arpente les rayons en guettant les gens du coin de l’œil, incapable de me concentrer sur un déguisement. Au bout de quelques minutes, je m’apprête à renoncer, mais un jeune me dit « ils sont bruyants, hein ? ». Je le regarde interloqué qu’il m’ait remarqué dans toute cette cohue. Je lui fais oui de la tête en esquissant un sourire.

Fred, c’est comme ça qu’il s’appelle, n’avait pas prévu de sortir ce soir, c’est pour cela qu’il choisit son costume à la dernière minute. Il était aussi seul que moi dans ce magasin, et sa compagnie apaisé mes peurs. Il était beau, grand, brun, le regard vous transperçant le cœur. Cette journée ne s'annonçait pas si mal finalement.
On s’associa pour choisir nos costumes et l’on fit connaissance dans la file d’attente pour les cabines d’essayage. Je l’écoutais intéressé et ne répondait que brièvement à ses questions. J'aime ça, écouter les gens, peu importe leur propos, j'aime écouter le son de leur voix fluctuer aux grès de leurs intonations, j'aime aussi regarder leurs expressions, les mouvements de leur bouche lorsqu'ils s'expriment.

Une fois dans la cabine, je regarde l’ensemble des tenues qu’on a glissé dans mon panier, je ne voulais rien de vulgaire, mais la plupart d’entre elles sont très courtes, extrêmement courtes. Les seule choses qui ne sont pas vulgaires c’est un costume de fantôme, un de momie et deux paires d’ailes une blanche et une noire. Je sais déjà ce que je vais choisir mais je me prête aux règles sociales de l’essayage.
Lorsqu’on sort de la boutique, nous sommes comme deux vieux amis. Fred me propose d’aller manger et je ne sais refuser. Après le repas, il est déjà 15h et Fred me propose timidement de l’accompagner à sa soirée, ce serai le point de départ de ma soirée.

Après avoir fait un petit tour en ville, on s’arrête à son appartement pour se changer. Son petit appartement recelé de tout ce que je détestais. Des photos souvenirs avec ses amis, sa famille, lors d'évènements passablement marquant de sa vie. Une étagère avec quelques trophées de sa période scolaire, des babioles un peu partout icone de l'affection que lui porte les gens qui lui ont offert.
Je suis bien loin de tout ça, pour moi, ce qui compte c'est l'instant présent, les souvenirs, et relations sociales ne sont que des encombrements inutiles. C’est surement pour ça que mes relations n'excèdent rarement pas une nuit, voir quelques heures.
Lorsque Fred sortit de sa salle de bain habillé je suis subjugué par son Moi intérieur, où peut être son Ça. Il me fait un petit défilé fier de son effet. Tout habillé de simili cuire, casquette comprise, fausse moustache et cravache à la main, il est prêt pour dominer le monde… Lorsqu’il se retourne je constate les deux trous aux niveaux de son fessier qui laisse apparaitre sa peau rose. Voilà ce qui se cache au plus profond de lui, une pute domestiquée.

Je passe à mon tour dans la salle de bain, je me fixe quelques instants dans la glace. Je prends toute l’ampleur de cette soirée qui s’offre à moi. Je suis à la fois excitée et apeurée. Je vais devoirs combattre ma timidité et faire le maximum de connaissance. « Cette soirée, c’est ta soirée » dis-je à mon reflet.
Je me maquille à l’aide des produits acheté pour l’occasion, je change de top, attache mes cheveux en chignon, en laissant quelques mèches ondulées dépasser, et je fini par mettre en place mes ailes. Je sors de la salle de bain prête pour MA soirée.
Fred est impressionné par ma tenue, alors qu’elle n’a rien de spécial, elle est même très loin des tenues sexy qu’il a voulu me faire essayer dans le magasin.

Lorsqu’on arrive chez ses amis, Fred me présente à plusieurs personnes sans grand intérêt jusqu’à ce qu’Annie arrive. Je sais que c’est elle, c’est la bonne. Je n’ai pas l’habitude de ressentir ce genre d’attraction pour une femme, mais je ne me pose pas plus de question et lui propose de lui servir un verre.
Je m’apprête à nous servir un soda, lorsqu’Annie me propose un shooter. Je ne sais pas quoi répondre, je n’ai pas l’habitude de boire, mais elle sait être convaincante et me voici à trinquer « Au premier shooter d’une longue série ».
J’avale le contenu du verre d’une seule traite, l’alcool me brule la gorge, j’en tousse, ce qui fait rire Annie. J’analyse l’effet de l’alcool, une fois la brulure passé, je sens le bonheur envahir mon corps. Je regarde Annie qui attend mon avis et je lui propose un second verre.
Les shooter se suivent, l’euphorie me prend, je me sens bien. On finit par tomber dans le canapé avec une bouteille de Vodka à la main. Alors que toute la pièce tourne autour de moi, Annie semble à peine ébrécher. Elle place ses jambes sur moi, rapproche son visage du mien et me murmure à l’oreille, « tu me plais bien ».
Alors qu’Annie pose ses lèvres sur la peau de mon cou, Fred se place devant nous pour savoir si j’ai toujours envie d’aller à une autre soirée. Les mots ne trouvant pas le chemin de ma bouche, c’est Annie qui propose qu’on aille à une soirée à quelque pâté de maison.

Après une longue marche, on arrive enfin à cette nouvelle fête. Malheureusement, l’effet de l’alcool commence à s’estomper, je n’ai donc qu’une envie, boire de nouveau pour retrouver l’euphorie. Annie qui a surement entendu mes prières attrape une bouteille sur la table, me prend par la main et me traine dans un long couloir. On entre dans une chambre, qu’elle ferme à clé. Elle me tend la bouteille que je porte à ma bouche sans me faire prier. Le temps que je boive quelques gorgées, elle a enlevé son costume. Elle se rapproche de moi, j’ai le cœur qui bat à mes tempes. Elle caresse ma joue, « laisse toi faire ».
Elle m’embrasse, commence à me déshabiller et me couche sur le lit. Alors que son corps se colle au mien, je sens le plaisir grandir en moi, j’ai l’impression que l’alcool accroit mes sensations,
que tout est meilleur, ou peut-être est-ce le fait que ça soit une femme. Pour la première fois, je n’ai pas la faim qui me hante à chaque fois que je fais l’amour.
Quand le plaisir arrive à son point ultime je sens son corps se tendre un instant et retomber sur le matelas. Je reprends mes esprits, me rhabille et sort de la chambre, la laissant seule sur le lit.

Je retrouve Fred et lui propose d’aller à une autre soirée, lorsqu’il me demande où est Annie, je lui réponds « elle s’est endormi dans un coin, allons-y ».
On sort, et Fred m’entraine dans un bar un peu plus loin. L’effet de l’alcool n’a plus rien d’euphorique, j’ai la tête qui tourne et la nausée. Je vais dans les toilettes du bar, je passe de l’eau sur mon visage, quelque chose ne va pas et je sais très bien ce que c’est, j’ai faim, très faim
L’alcool n’a pas accrut que le plaisir.

Je rejoins Fred au bar, il nous a commandé cinq shooter chacun. L’alcool ne me brûle même plus. Je me sens de plus en plus mal, j’ai faim, atrocement faim… J’ai des vertiges, l’estomac dans la gorge. Je vois un homme barbu sortir du bar une clope à la bouche.
Je le suis, prétextant à Fred devoir moi aussi fumer une petite clope. Je retrouve le barbu dehors, comme je l’ai supposé, il fume seul, je l’aborde, lui demande une cigarette et lui propose de s’isoler à l’abri du bruit dans la ruelle au coin du bar.
Il est beau, grand, massif et quand il parle je distingue à peine ses lèvres bougées sous ses poils. Je n’ai pas le temps de faire plus connaissance avec lui avant de passer aux choses sérieuses. Quand je l’embrasse sa barbe caresse mon visage. Il soulève mon corps contre le mur, je l’entoure de mes jambes, je saisis ce que je cache dans ma botte, il me mord tendrement dans le cou alors que moi je marque le siens. La pression se relâche un instant alors que nos deux corps enlacés tombent sur le sol dur dans un fracas sourd.
Je suis comme une hystérique alors qu’une nouvelle sorte d’euphorie prend part de moi. Mon corps se cambre et se relâche contre le torse musclé de mon barbu.

Après cette rencontre forte en émotion, je rejoins Fred dans le bar, il discute avec un groupe tous déguisé en zombies. Ils nous proposent de les accompagner en boite. Quand on sort du bar, Fred me fixe « c’est sympa les tâches rouges sur tes ailes et tes fringues, t’as fait ça où ? »
Je regarde mes fringues et constate et je n’ai pas pris le temps de vérifier que rien n’avait tâché mes fringues. J’hausse les épaules, et suis les zombies.

Arriver en boite, je bois cinq nouveaux shooters avant d’aller danser au milieu de la boite. Je sursaute lorsqu’un homme m’attrape par la taille, je détourne juste la tête pour voir à quoi il ressemble et continue à danser coller à lui.
Il me dit à l’oreille que je suis bandante, je n’ai pas de mal à le croire vu que je sens son membre gonflé sur mon fessier. Je le prends par la main et l’entraine dans les toilettes, je le fais entrer dans la cabine. Il me saisit brutalement, m’embrasse et serre sa main sur ma gorge en déboutonnant son pantalon. Peut-être suis-je partie trop loin, je me suis mise en danger, j’ai peur et je n’arrive pas à glisser ma main dans ma botte.
Il me force à m’agenouiller en me tenant par les cheveux. Il me fout son membre dans la bouche et je manque de vomir, mais dans cette position, je peux atteindre ma botte, j’en sors ma seule protection. Je la passe d’un coup sec sous les couilles de mon tortionnaire, il a un mouvement
de recule alors que mon visage se couvre de rouge. Lorsqu’il se rend compte de ce qu’il se passe il tombe dans les pommes.
Je sors des chiottes énervée, comment quelqu’un a pu oser me faire ça ?
Un mec se vidant devant la pissotoire, se retourne vers moi en me disant « sympa l’ange-zombie ». Pleine de rage, j’avance furieusement vers lui et lui tranche la gorge d’un coup sec. Il titube quelques pas et s’effondre sur le sol la main à la gorge.
Les hommes n’ont vraiment aucun égard ! Je nettoie mon visage, espérant que personne ne rentre avant que je n’ai fini, et place le pisseur avec le tortionnaire.
Je rejoins Fred et les zombies sur la piste de danse toujours énervée. Après quelques essaies pour me remettre dans l’ambiance, je demande à Fred qu’il me raccompagne. On sort de la boite, et il me demande ce qui ne va pas. Je lui raconte, et il s’énerve en me disant : « je vais aller le voir et lui foutre mon pied dans les couilles à ce bâtard. »
Je n’en reviens pas, il pense que j’ai besoin de lui pour me défendre, petite salope en cuire. Mais cette soirée est pleine de surprise. Le poing serré sur la lame dans ma poche, j’essaie de garder mon calme, on s’écarte de la foule et je m’apprête à lui montrer lequel de nous deux à besoin d’aide. Son téléphone sonne et il décroche. Je ne sais pas qui est à l’autre bout du fil, mais Fred est interloquer par ce qu’il entend.

Il raccroche, me regarde les yeux brillant et me dit « c’est Annie… ». Un sanglot s’échappe de sa bouche avant qu’il continue « ils l’ont retrouvé morte à moitié nue dans une chambre… ». Je sens les larmes monter à mes yeux, non que cette nouvelle me surprenne, mais elle sonne la fin de ma soirée, la fin de ma tuerie, et c’était tellement jouissif… Je sais qu’il ne va pas mettre longtemps à se rendre compte que c’est moi qui l’ai dévoré.
Il pleure maintenant. Il me fixe et tout à coup une étincelle traverse son regard. Ça y est, il sait. Il me questionne d’abord : « mais t’as été seule avec elle quand on est arrivé là-bas ? » Il affirme ensuite « t’as voulu qu’on parte sans elle » « et ce rouge sur tes fringues » et enfin il accuse « c’est toi ! ».
Je garde mon calme, le regarde sans rien dire. Il s’approche de moi, je sais qu’il aimerait régler ses comptes. Il m’attrape les poignets, me colle violemment contre le mur humide et me demande d’avouer. Je lui raconte tout, je commence par le pisseur, le tortionnaire, le barbue et enfin Annie. Fred est toujours aussi prêt de moi, mais il a lâché mes poignés, trop traumatisé par ce qu’il vient d’entendre. Je le repousse délicatement et lui montre la lame ensanglantée, il prend peur, tente de s’enfuir, mais je plante le couteau une première fois dans la peau nue de ses fesses. Il hurle et ralentit, je bondis sur lui et plante la lame dans son cou quand je l’enlève un jet puissant jaillit. Il tombe sur le sol et je le plante à nouveau pour être sure qu’il ne survivra pas. Lorsque j’ai enfin la certitude que son cœur à cesser de battre, je me relève et tente de m’enfuir, Mais je sens la main d’un vigile me saisir…

Je sursaute et me réveille dans la bibliothèque où je m’étais endormie, le bibliothécaire me réveille car c’est l’heure de la fermeture. Ce rêve était super, la soirée de ce soir à intérêt d’être à la hauteur.